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20140408

434 mots pour l'inspiration Prada

It's Getting Late de Massy Tadjedin

Il y a un an, Prada et Feltrinelli Editore lançaient un concours littéraire unique en son genre, capable d'unir l'univers de la mode à celui de la littérature.
La collaboration de ces deux malins entremetteurs appuyait sur un point représentatif de la mode contemporaine : son infiltration dans les champs de l'art pour une meilleure inspiration. Ça sonne fortement slogan produit détergent, mais rien à voir.
Mattia Conti, l'un des auteurs cinq gagnants, avait alors su tirer parti du thème imposé : la question du regard et de notre perception de la réalité. Son histoire, Gli Occhi di Malrico, est la biographie d'un amour qui, si elle doit être résumée par ses termes clés à consonance clinique - "myopies" et "presbytie" -  tombe néanmoins avec sensibilité dans une romance touchante à même de nous faire comprendre que "la force des deux personnages se trouve dans leurs regards imparfaits et non dans la capacité à voir comme les autres"*.

La vue justement.
Élaborée sur le principe du plan séquence, la technique marketing du groupe Prada poursuit sa quête de l'inspiration et vient poser notre regard sur le septième art. Passant le relais à sa "petite sœur" Miu Miu, la maison aiguise nos sens en s'outillant du discours direct et convaincant du format court-métrage.

Les courts de Miu Miu sont des films à savourer de la même manière que se savourent les images "candy colored" de Wes Anderson. Des cadrages serrés sur des talons hauts, talons plats, bas, talons bobine, bottines hautement lassées, des robes enfilées, des t-shirt retirés, des corsages boutonnés. Miu Miu exploite avec prouesse les possibilités d'internet et y expose un vêtement vivant, endossé dans une féminité cliché mais rêvée. L'intelligence de la marque est d'avoir disposé cette palette de courts-métrages à un clic de son site de vente en ligne. Là où beaucoup d'e-shop ne semblaient que très peu conscients de leur absence d'idées inspirantes, la marque italienne créait alors un lien digital on ne peut plus direct entre désir et achat. 
Une préférence pour "It's getting late" de Massy Tadjedin où la matière même des tenues fait monter l'intrigue.

Mais tout ceci n'est qu'un échantillon de l'univers multifacette du groupe Prada qui, outre ses habits diaboliques et sa maroquinerie vénérée, organise musée éphémère et expositions. Après le parallèle entre Miuccia Prada et Elsa Schiarparelli au Met en 2012, tout rappel de cette force créatrice serait inutile. Néanmoins, avant que les deux exemples cités plus haut soient rangés aux archives, il peut encore être agréable de s'attarder à les lire et regarder ; une pause dans le défilé sans fin des tumblr.flickr.pinterest.etc.

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Les récits du Prada Journal sont à téléchargés gratuitement ici
La liste des courts métrages de la série Women's Tales se trouvent .

*source : IULM, News, "A Mattia Conti il Prada Journal".