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Première victime des déménagements et des ménages de printemps, la presse féminine était la première à filer droit vers la poubelle. Ça n'est qu'assez récemment qu'elle a été considérée comme "documentaire". On remarque d'ailleurs, depuis quelques années, se créer un peu partout centres de documentation et services d’archives spécialisés, privés et publics.
Exemple de taille : le projet italien du
Ministère des biens et des activités culturelles. « Archivi della Moda del Novecento » a été lancé en 2009 dans le but de promouvoir la mode
italienne par le biais de son patrimoine documentaire.
Mais la presse féminine transalpine ne se
résume pas à des boîtes d’archives. Milan est une capitale de l’édition, et la
mode le premier secteur à en profiter.
Quel titre de presse Made in Italy peut-on
acheter dans les edicole, ces
kiosques à journaux couronnés d’un Il
Giorno qui occupent chaque carrefour de Milan ? Après un rigoureux
dépouillement et quelques clics de recherches, compte-rendu.
Pour ne pas citer que Grazia et cerner plus efficacement l’histoire de ces publications, c’est
le parcours de Flavio Lucchini qu’il
faut suivre. Figure majeure de la scène journalistique milanaise et du groupe
RCS (pour Rizzoli-Corriere della Sera), le résultat de ses actions se trouve
dans chaque librairie.
Architecte de formation, l’influence du
Bauhaus et de la presse anglo-saxonne lui donne l’élan nécessaire au lancement
de titres aussi rafraîchissants qu’Amica,
Vogue Italia ou Donna. La presse italienne lui doit la venue des graphistes dans
les bureaux des rédactions et le cachet esthétique des maquettes qui en
découleront.
Le premier numéro d’Amica sort en 1962. Il
s’agit alors d’un hebdomadaire qui se fera connaître par ses choix
anticonformistes. Sa cible est précise : une femme dans l’air du temps, à
la lecture critique, qui ne copie pas passivement les tendances mais les
adopte avec réflexion.
En 1965,
le groupe Condé Nast fait appel à lui pour relancer le magazine italien Novità. Mais l’absence d’image de marque
et de cible précise du magazine amène Flavio Lucchini à changer le titre pour
en faire l’édition italienne de Vogue. Le nom sera progressivement
modifié : Novità & Vogue, Vogue & Novità et enfin Vogue Italia,
première véritable revue italienne spécialisée. Le succès amènera ensuite aux
publications annexes : L’Uomo Vogue, Vogue Bambino, Vogue Casa, Vogue Gioiello, Vogue Sposa, Vogue Accessory.
En 1979 il quitte Condé Nast, retourne chez
RCS et crée sa maison d’édition spécialisée dans la mode, Edimoda. Un secteur de niche dans lequel il publiera des journaux à
tirage limité. C’est avec Edimoda entre autre que Flavio Lucchini lancera le
mensuel Donna
destiné au même lectorat connaisseur que celui de Vogue. Le choix
photographique de la couverture du premier numéro laisse entendre la force de
caractère du magazine et donc des lectrices auxquelles il s'adresse : une femme
photographiée de dos, habillée par l’ampleur d’un tailleur Claude Montana,
l’attitude des années quatre-vingt (cf. photo)
Voilà pour l'histoire.
Bien entendu, chacun de ces titres a évolué parallèlement au marché de l’industrie vestimentaire, et, pour obéir aux nécessités économiques et culturelles, les lignes éditoriales d’aujourd’hui ont du s’éloigner de celles d’alors. Il appartiendra à chacun de se forger un avis. Quoiqu’il en soit, le renouvellement et l’invention demeurent d’autant plus que la multiplicité des supports de lecture ne laisse aucun repos.
Bien entendu, chacun de ces titres a évolué parallèlement au marché de l’industrie vestimentaire, et, pour obéir aux nécessités économiques et culturelles, les lignes éditoriales d’aujourd’hui ont du s’éloigner de celles d’alors. Il appartiendra à chacun de se forger un avis. Quoiqu’il en soit, le renouvellement et l’invention demeurent d’autant plus que la multiplicité des supports de lecture ne laisse aucun repos.
En comparaison à leurs années de lancement,
les pages de cette presse spécialisée se caractérisent aujourd’hui moins par
une volonté de changer la société que par la surexposition de produits en vue
de leur vente, par la surabondance d'objets design toujours plus frais, par
la recherche du style à l’élégance vintage. Mais ces lectures et
photos manifestent aussi parfois un certain recul et l’appréhension d’une mode
comme discipline à part entière ; le besoin de connaissance qui se satisfait
parfois par un dialogue direct entre une rédactrice en chef et ses lecteurs. Feuilleter ces magazines est aussi le meilleur moyen
de découvrir des griffes italiennes solidement implantées dans le panorama de
la mode milanaise mais moins médiatisée qu’un D&G.
Outre cette classique sélection, une
recommandation : le magazine papier du site Pizza
digitale. L’équipe de rédaction y brasse mode, design, musique, art et
mitonne le meilleur plat italien de la création contemporaine →
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