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20150317

Reflexion / le manifeste anti-fashion de Lidewij Edelkoort

© Bloom
Lors d'une conférence donnée en février, Lidewij Edelkoort - consultante en tendances dont chaque prévision fait autorité - dressait le bilan d'une mode démodée. Une mode à la langue bien pendue et de moins en moins experte en ce qui la concerne. En d'autres termes : Lidewij Edelkoort reproche au milieu sa mécanique obsolète et un manque criant de connaissances, notamment vis à vis de la matière textile.

L'un de ses reproches s'adresse à la presse, parfois incapable de faire le distinguo entre motif et jacquard. Elle blâme aussi un marketing infectieux, au timing calqué sur celui de réseaux sociaux employés à mauvais escient. Seul compte la photogénie d'une silhouette, son potentiel Instagram ; on s'approprie un pull par l'écran et peu importe qu'il gratte ! Le vêtement ne compte plus, tout n'est qu'accessoire.

Un malaise palpable.


Avec un  seuil de rentabilité très bas, la fast-fashion ne peut que produire une mode jouet, à consommer rapidement. En même temps, on a vu s'épanouir la tendance de l'uniforme et de la pièce bien coupée, laquelle pourrait être interprétée comme une certaine lassitude envers ce trop-plein. Et en effet, la mode lasse. Plusieurs blogueuses en ont fait part ; Géraldine Dormoy pour Café de Mode et Lise Huret pour Tendance de mode publiaient sur le sujet : ici et

Repenser au vêtement.


Edlekoort conclue son discours en préconisant le retour au vêtement, à "la couture avec son noble intérêt pour le tissu et la façon tels que nous les scrutions avant l’invention du prêt à porter".
Le retour aux fondamentaux est une prescription récurrente dans les cahiers de tendances de ces dernières années ; elle apparait ici dans toute son évidence. 

Challenge


Du côté des éditorialistes, un challenge se pose. Souffler à la pop culture du style quelques nota bene sur le textile ; porter une attention à ce qui nous habille comme nous portons attention à ce que nous mangeons ; pouvoir débattre du crêpe georgette ou du polyester trop cher au delà du cercle DIY.
Le manifeste du salon textile Première Vision, en février dernier, avait bien pigé puisque d'après ses lignes : "la moda vive qui", elle s'écoute, se respire et se rêve ici, parmi les tisseurs, les designers textiles, et les manufactures.
Le slogan d'un tisseur italien Maglificio Maggia concorde d'ailleurs avec l'esprit du manifeste d'Edelkoort : "Cose troppo belle per restare anonime". Le textile, n'est plus au second plan; le zoom est à présent sur la matière, l'essence d'un vêtement. Le "retour à l'essentiel" vendu par les cabinet de style prend cette fois-ci tout son sens.

Salon Première Vision



 ici une interview de Li Edelkoort pour le Fashion Post.