Rechercher dans ce blog

20141105

395 mots sur la venue du minimum



Vogue. Février 2013

Reprenons du début.


Avant il y avait des décennies vestimentaires affirmées. On sautait du vide au plein, du court au long, de l'étriqué à l'ample. Une pioche tous les 5 ans dans les 10 ans qui précèdent. Un algorithme trop prévisible, on a donc augmenté la cadence. En ce moment d’ailleurs, nous baignons dans un bain sixties moussant au contact des nineties alors même qu’il reste encore des effluves 50’s et qu'on voit d'ici les 70's s'approcher.
Et en fin de compte...
tout ça fourmille de références qui demandent à être maitrisées. Donc beaucoup de publications, beaucoup de posts, beaucoup d’émissions, beaucoup de documentaires. L’air de rien la mode a beaucoup cogité ses dernières années. Si l'on veut prendre la pulsation de cette préoccupation vestimentaire post-10’s c'est au DailyELLE qu'il faut demander. Par ses questions existentielles, le blog démontre que la mode se creuse les méninges pour trouver la réponse. Celle qui solutionnera la problématique sans fond : comment s'habiller ?
Réponse.
Après avoir écumé chaque décennie pour en tirer le meilleur, après avoir bûcher ses basics/intemporels/classiques/essentiels, la Mode répond.
Alors ?
On frôle l'idéal.
Des vêtements qui habillent, entourent, recouvrent, dénudent, s'enfilent, flottent, puis tombent. Si tout semble déjà connu, le rendu donne pourtant une impression de jamais vu ; mais de bien visible dans les copies sans pâleur de Zara, les reformulations signées Cos, ou les expressions habiles d'Acne. L'habit doit laisser l'esprit libre, rester silencieux, quotidien sans être ennuyant, juste d'assez bon goût pour se faire oublier et remarquer en même temps. Le genre d'habit qu'on pourrait user - exactement comme ça se faisait avant - et le désirer jusqu'au bout - comme avant.

Céline ?
Derrière ce design il y a, entre autre et donc pas que, Phoebe, Céline. L'institution parisienne qui a tout pulvérisé en rejetant l'habituelle reprise des "codes de la maison" pour mieux tout réinventer. Là était la bonne idée : des habits neufs. La dernière chose dont on avait besoin c'était de cette nouveauté aboutie, de nous voir dans un pantalon large, chaussée de sneakers et de ne plus y penser. Un strict minimum qui tient de l'uniforme.

Ça fait plusieurs saisons que les campagnes Céline se superposent les unes autres aux autres sur les kiosques à journaux. Plutôt qu'une enfilade de ces visuels, voici quatre images d’archives qui auraient pu mettre sur la voie d'une telle simplicité.


La mannequin qui soulève son satin, son taffetas bref l'encombrement qui recouvre ces baskets, semble aussi convaincu de sa géniale idée que nous des baskets sur lesquelles nos pantalons masculins font leur pli réglementaire. Reebok, 1995.

Selon Jil Sander il ne s'agit finalement que de s'habiller. Jil Sander, 1996, photographe Craig McDean.

Phoebe Philo n'a pas pu dessiner cette tenue, la publicité pour la maison française date de 1980. Toutefois, l'élégance du confort qui s'en dégage laisse comprendre pourquoi, 20 ans plus tard, elle sera appelée à prendre la direction artistique de Chloé avec qui elle partage le goût pour une féminité ouatée. Chloé, 1980.
Même si pour le moment nous préférons le fonctionnel au multiforme de la marque japonaise, le manifeste de la créatrice Rei Kawakubo rejoint l'émotion ressenti face à un vêtement Céline. Une démonstration par ici. Rei Kawakubo pour Comme des Garçons.