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20140216

689 mots pour la mode milanaise




Robe de la créatrice italienne Nanni Strada.


Il y aurait d’infinies manières de parler de la mode italienne.

║ D’abord parce qu’elle recouvre d’innombrables noms autres que Fendi et Prada. Des entreprises souvent familiales implantées dans le paysage milanais depuis des décennies, au service d’un très fier Made in Italy. Un bémol cependant concernant ces maisons mondialement connues qui ne semblent pas laisser place à l’émergence de jeunes designers. Ce que rapportait à plusieurs reprises, le journal en ligne Business of Fashion*.
Les choses paraissent néanmoins en passe de changement avec, en  exemple, le succès croissant de la marque MSGM aux couleurs et imprimés facilement reconnaissables. Novatrice en terme de collection mais aussi de stratégie marketing, la jeune maison italienne collaborait récemment avec Toilet Paper. Le magazine fondé en 2010 par Maurizio Cattelan et Pierpaolo Ferrari et connu pour ses visuels pop attachés au détournement de l’iconographie commerciale.

║ La créativité justement, un fil conducteur qui amène à faire de la mode italienne un domaine vivant dont le dynamisme occupe de multiples lieux d’expression. Démonstration : l’entrain avec lequel la rédactrice en chef Franca Sozzani écrit sa chronique quotidienne sur le site de Vogue Italia ; l’audace des campagnes publicitaires de la maison française Kenzo avec Maurizio Cattelan, Ferrari et Talso pour Toilet Paper ou encore celles de la maison Trussardi pour ses photomontages aussi amusants qu’élégants ; l’innovation de créateurs contemporains à l’égal de leurs ainés - on pense ici à la récente exposition que le Metropolitan Museum of Art consacrait aux univers parallèles de Miuccia Prada et Elsa Schiaparelli.
En résumé, la création n'a pas cette retenue, parfois un brin frileuse, adoptée par la mode parisienne.

║ Comment parler de mode italienne sans parler delle scarpe et plus largement des accessoires. En résumé beaucoup de noms qui facilitent la rime par un i final et qui assoient leur crédibilité par l’ADN commun : le Made in Italy. Au-delà de Tod’s, Porselli (équivalent italien de Repetto), Pollini, Sergio Rossi, Vicini, Baldinini, une maison au titre évocateur pousse à son extrême la fierté de l’artisanat transalpin par un slogan franc et direct : Italian for Italy, « Proudly made around the world ».  La société a été lancée par Paco Penghi et Alessandra Colombo et s’attache à démontrer que le savoir-faire italien dépasse les frontières. Grande ambition que la redéfinition d’une géographie du Made in Italy.

║ Ailleurs sur les pavés milanais, l’observation du terrain laissera facilement aller à diverses généralités : la récurrence plus que n’importe où ailleurs du costume 3 pièces chez l’homme ; le sac à main plus volontiers porté dans l’exclusivité féminine de la position épaule ; ce sac, justement, très souvent estampillé d’un LV ; aux pied, une paire de Hogan, toujours ; l’accord singulier de ces chaussures avec le reste d'une tenue ; la gaité des motifs ; le bling bling souligné par le bling (évitons les clichés, le fait est épisodique et délimité au Quadilatero d’Oro, entre corso Venezia et via Manzoni); et par temps pluvieux ces grands parapluies cossus qui viennent défilés dans les rues dallées.

║ Enfin, et pour se laisser aller à un lyrisme stéréotypé, il y a dans la mode italienne une féminité traditionnelle qui se veut remarquée. Qu’il s’agisse d’accessoires voyants, d’une robe cintrée ou de cheveux longs le plus souvent détachés, quelque chose dans l’attitude amène à penser que l’apprêt féminin se tourne volontiers vers la beauté de la séduction.

Il existe donc plusieurs manière de raconter la mode milanaise et le point de vue parisien ne favorisera pas un regard dépourvu de clichés ou lieux communs. Est-ce si dérangeant ? Si peu finalement quand on réalise que l’industrie vestimentaire se nourrit elle-même de ces représentations et de cet imaginaire glamour, excessif à souhait.

Mais la meilleure façon de dépeindre cette mode milanaise sera peut être de laisser l’imaginaire de chacun créer sa propre idée du sujet, guidé par ce que les italiens nomment si bien : les « immagini ».

Trussardi
● MSGM et Toilet Paper
Kenzo et Toilet Paper
La récente exposition du Met qui met en parallèle le travail de Miuccia Prada avec celui d'Elsa Schiaparelli.

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* Ici l'un des articles en question. Et un complément d'information fournit par le site NJAL (Not Just A Label), l'importante plateforme anglaise d'aide à la création dans le secteur de la mode.
Néanmoins, il est intéressant de remarquer que 74% des entreprises italiennes dans le secteur de la mode ont un chiffre d'affaire qui ne dépasse pas les 100 millions d'euros. Le marché italien se constitue en effet d'une myriade de petites maisons faisant face à une quinzaine d'importants groupes ou marques représentant à eux-seuls 82% de la valeur totale du secteur (données fournies par Pambianco Magazine)